A travers une longue vie d’architecte et de moine, Dom Han Van der Laan a consacré une grande partie de sa vie à la recherche des origines primitives de l’architecture, c’est à dire aussi la volonté de retrouver le lien entre l’acte technique de construire et notre besoin primitif de définir notre espace environnant, sans quoi, « l’éducation et l’expérience n’est pas possible » (Hans Van der Laan).

C’est à travers quelques réalisations architecturales de grandes qualité et deux ouvrages « Modern Primitive » et « l’Espace Architectonique » que nous connaissons l’architecte néerlandais Dom Hans Van der Laan.

Dans « l’espace architectonique », Hans Van der Laan tente de définir ce que « doit être la demeure humaine » à travers la définition d’un système de proportion basé sur le nombre d’or : le nombre plastique.

Le nombre plastique serait une réponse au gouffre qui existe entre l’intelligence humaine et le monde insaisissable des phénomènes naturels. Grâce à ce nombre et à son interaction avec l’intelligence humaine que la maison devient pour celui qui y habite un bien non seulement matériel mais aussi spirituel

Dans ce premier article consacré à Hans Van der Laan, nous nous intéresserons surtout à la définition de la demeure humaine que propose le moine architecte.

Le texte et les illustrations de Régis Faguelin, nous en donnent un bon résumé.

La demeure humaine doit rassembler les trois espaces qui composent notre « espace d’expérience » : la Cella (espace individuel de l’action), la Cour (espace de la locomotion), le Domaine (espace du champ de vision).

Chaque cella correspond à une pièce habitable, une maison est composée de plusieurs cellas, juxtaposées ou superposées.

Les maisons se rassemblent autour de places, puis autour de grandes places, ce qui forme des quartiers, puis enfin la ville.

Pour que la Place paraisse réellement le « dehors » de la maison, sa dimension doit être au minimum sept fois supérieure à la dimension de la cella de base laquelle – dans cette circonstance – sert d’unité de référence.

Le plus étonnant est de se rendre compte que tout l’enchaînement numérique des proportions vient de la cella, qui elle-même se trouve directement en relation avec l’épaisseur de ses murs.

En conséquence : la proportion de la ville est en liaison numérique avec la proportion du mur de la cella, la pièce habitable.

La cella, la cour, le domaine
Croquis de Hans Van der Laan

A suivre, une définition critique de « l’Espace Architectonique ».

Alain DOUANGMANIVANH


Qui était Hans Van der Laan

Hans van der Laan Architecte bénédictin hollandais (1904-1991) commence des études d’Architecture en 1923 et consacre sa vie entière à la recherche des fondements de l’Architecture.

En 1927 il abandonne ses études pour l’abbaye bénédictine de OOSTERHOUT où il prononce ses vœux monastiques en 1929. Il est ordonné prêtre. En 1938 il projette et dirige la construction d’une nouvelle aile de l’abbaye. Initiant ainsi un parcours ininterrompu de réflexions, d’études , d’enseignement et d’expériences constructives qui le mèneront à formuler une théorie complète de l’Architecture dans l’ouvrage « Der Architektonische ruinter » – L’espace Architectonique – et un traité : « Instruments of order ».

Il a réalisé peu de projets. Ce sont tous des oeuvres d’une intense beauté pleine de spiritualité émouvante faite d’austérité silencieuse. Tel un frère constructeur du 20ieme siècle, sorte de double de ce maître d’œuvre cher au Pouillon des « Pierres Sauvages » mais non pas cistercien, il a dirigé la construction de trois couvents en Allemagne en suisse et en Belgique, un monastère pour des religieuses en Suisse aussi, une chapelle octogonale, et une habitation privée.

La vie de Hans van der Laan, commencée dans des interrogations de jeunesse, l’a conduit à l’expérience de la maturité religieuse, en une quête rigoureuse sur les fondamentaux de l’acte de bâtir. Sillonnant l’espace sacré jusque dans les replis des ses aménagements fonctionnels, arpentant la liturgie chrétienne en en dessinant les objets les plus humbles de la vie quotidienne, du mobilier jusqu’aux vêtements de culte ; sa vocation de bâtisseur engagé dans la spiritualité la plus dépouillé fait de lui un exemple de l’engagement absolu au service de la pensée libératrice et détachée : l’Architecture.

Une sorte de sage zen d’occident, un moine Architecte, un anti-modèle aux générations cyniques et médiatisées du cybermonde de notre troisième millénaire.