Brève biographie par Guidu Antonietti


Fils d’un ingénieur des travaux publics, Fernand POUILLON est né en 1912 à CANCON dans le LOT-ET-GARONNE.

Il ambitionne de devenir peintre et fréquente l’Ecole des Beaux Arts de MARSEILLE à partir de 1929.

De 1932 à 1934, il poursuit des études d’architecture à PARIS. En 1936, il a 24 ans, et construit son premier immeuble à AIX-EN-PROVENCE. En 1939, il est engagé volontaire et est démobilisé en 1940.

En 1942, il obtient son diplôme d’Architecte à 30 ans et réalise des travaux pour la Ville de MARSEILLE sous la direction d’Eugène BEAUDOUIN jusqu’en 1944.

De 1944 à 1947, dandy non-conformiste et progressiste, il est inscrit au parti communiste français.

De 1944 à 1953, associé à René EGGER, il participe activement à la reconstruction du quartier du Vieux Port de MARSEILLE. Puis devenu Architecte en chef, il poursuit en association avec DEVIN et PERRET, le projet du front de mer de MARSEILLE initié par LECONTE.

A la fin de la guerre il redessine le vieux port de Bastia endommagé par les bombardements .

Durant les années 50, il réalise de nombreux bâtiments publics à AIX-EN-PROVENCE et à MARSEILLE. Avec ses collaborateurs, il travaille à l’ouvrage « ORDONNANCES », relevé méthodique des hôtels particuliers du XVIIe et du XVIIIe siècle d’AIX-EN-PROVENCE, qu’il publie à compte d’auteur en 1953.

En 1961, éclate l’affaire du CNL, suite à laquelle il est arrêté, condamné et emprisonné durant 4 ans. Il rédige, en prison, en 1964, un roman « LES PIERRES SAUVAGES » qui lui vaudra le prix Médicis ,

sorte de journal d’un moine bâtisseur cistercien concevant et réalisant l’abbaye du THORONET XIIe siècle à LORGUES dans le VAR.

De 1966 à 1972, exilé volontaire en ALGERIE, il travaille à la réalisation de nombreux bâtiments. En 1968, paraissent les « MEMOIRES D’UN ARCHITECTE » où il relate l’ensemble de sa vie et fournit de très intéressantes explications sur « l’affaire POUILLON ».

En 1971, il est amnistié par Georges POMPIDOU. En 1980, réhabilité par ses pairs, il est élu au Conseil de l’Ordre des Architectes de PARIS, réouvre une agence en 1983 et travaille à certains projets dont le Conservatoire de Musique du 19e arrondissement.

Il meurt en 1986 à l’âge de 74 ans dans son château de BELCASTEL à RIGNAC dans l’AVEYRON. La même année, une monographie lui est consacrée, aux éditions ELECTA MONITEUR (auteur Bernard Félix DUBOR). Depuis, sa réputation d’Architecte moderne et méditerranéen n’a cessé de grandir.


En septembre 1995 la première exposition mondiale consacrée au maître est organisée à AIX-EN-PROVENCE par ARCHIPEL ARCHITECTES ASSOCIES qui présente 93 planches des relevés d’ »ORDONNANCES » de 1953 et 25 photographies sur son oeuvre bâtie à AIX-EN-PROVENCE dans les années 50.

Michel ANTONIETTI rédigeât un texte en guise d’introduction qui aujourd’hui encore demeure d’actualité !

OU SONT LES DESSINATEURS ?

J’avais vingt ans ou presque et je flottais dans la dérive des sentiments. Je venais d’entrer à l’école d’Architecture, les maîtres l’avaient désertée à l’exception d’une femme sculpteur professeur de dessin, que j’appelle encore aujourd’hui Maître. Seuls y restaient quelques barons perchés que les contingences, ou les amitiés ministérielles avaient laissés là. J’aimais le jazz moderne, les photographies au Leica, et je croyais que seuls les architectes bâtissent les villes des hommes. Je courrais les librairies pour lire des livres d’architecture. Je n’en trouvais point, ce n’était pas dans la préoccupation des éditeurs. J’ai pensé alors que les villes étaient les livres que je ne trouvais point, ce n’était pas dans la préoccupation des éditeurs. J’ai pensé alors que les villes étaient les livres que je ne trouvais pas. A cette idée simple, j’ai vogué jusque vers l’orient compliqué, et le sud des Amériques. Je suis revenu par l’Italie. A chacun son voyage. Toujours dans mon bagage mental, mon île belle et Saint-Michel de Murato. A chacun son Ronchamp. Les « MEMOIRES D’UN ARCHITECTE » sont venues à l’étalage des libraires. J’ai pour la première fois, lu le nom de Fernand POUILLON. L’ouvrage m’a obligé à chercher dans le dictionnaire, la signification du mot ordonnance. Il parlait aussi de beauté des proportions, de qualité technique de mise en œuvre, et de références explicites à une tradition classique comme dit Bernard Huet, d’intelligence constructive et de sens plastique comme dit Jean-Paul Louvet. Après la lecture des « PIERRES SAUVAGES », j’ai couru à l’abbaye ; Monique ne m’avait pas encore instruit sur la règle de Saint Benoît. En poche mon parchemin, j’ai posé mes tréteaux, modèle Léonardo. J’ai appelé Guy, et nous avons commencé là – Aix Song – notre vie difficile de bâtisseurs sisyphes. A nos interlocuteurs, nous demandions quel est le nom de ta maison comme on demande dans notre langue, quel est le nom de ton père. Evasives réponses, ou pas de réponse du tout. Plus tard, bien plus tard, Jean-Pierre Frapolli m’a prêté un exemplaire de « ORDONNANCES », objet de la présente exposition. L’idée que les dessinateurs de l’agence, quand elle est inemployée, relèvent des ensembles urbains et des édifices, me fait encore rêver. Cette merveilleuse tâche, intéresse-t-elle toujours les dessinateurs-architectes. Au fait, où sont les dessinateurs ? Peut-être dans les agences de pub, ou chez les mécaniciens dociles, comme dit Guy ? Cette exposition voudrait leur dire qu’ils ont peut-être tort.


A lire :
« FERNAND POUILLON » SOUS LA DIRECTION DE JEAN-LUCIEN BONILLO
Chez IMBERNON
ISBN : 2951639600
Paru en avril 2001


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