En juin et juillet 2004, la Triennale de Milan a consacré une exposition à Mario Sironi. Il nous a semblé important, à aROOTS, de revenir sur l’œuvre de ce peintre majeur du XXe siècle. L’exposition, intitulée « Sironi, La Grande Decorazione », présentait une vue d’ensemble des œuvres monumentales du peintre : fresques, mosaïques, sculptures, vitraux et préparations, réalisées entre la fin des années 1920 et le début des années 1940.


– L’Architecte – , toile de Mario Sironi

BIOGRAPHIE DE MARIO SIRONI


Mario Sironi est né en 1885 à Tempio Pausania en Sardaigne. Apres avoir suivit des études d’ingénieur à Rome sur l’instigation de son père également ingénieur , il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts où il rencontre Boccioni et Séverini, qui l’amènent à l’atelier de Giacomo Balla le géant du Futurisme. En 1905, il vit à Milan, voyage avec Boccioni à Paris et en Allemagne. Il retourne définitivement à Milan en 1914, où il reprend les pinceaux qu’il avait délaissés, exécutant des études centrées sur la place de l’homme dans la société industrielle. Bien que lié au groupe futuriste depuis 1914, il n’adhère au mouvement qu’en 1915, il en est le plus jeune membre, réalisant, de 1915 à 1916, quelques œuvres – principalement des collages-, intrinsèquement futuristes mais dans lesquelles il intègre ses réflexions très personnelles sur la civilisation industrielle. Après une incursion dans la peinture métaphysique, il revient à son thème de prédilection, la ville, dans lequel s’inscrit le malaise humain et social de l’époque. Dans un chromatisme sombre, Sironi représente ces périphéries urbaines désertes et silencieuses, les rues bordées de murs aveugles, les sévères blocs de bâtiments, les cheminées d’usine… dont toute vie semble absente. L’angoissante oppression de l’homme dans une ville prête à le soumettre à un principe de volonté et d’ordre. On retrouve cette même idéologie dans son adhésion au « Novecento », dont il est un des principaux représentants. Il y défend le retour aux valeurs traditionnelles, aux « valeurs plastiques » propres à résoudre l’angoisse existentielle de l’homme. Dans les années 30, il prône le retour aux techniques traditionnelles de la peinture murale (en tant qu’art social), de la mosaïque, du bas-relief monumental qui s’accordent à son goût pour l’esthétique nationaliste. Après la guerre de 40, il s’oriente vers la scénographie. La présence de Sironi sur la scène artistique italienne, particulièrement longue, a traversé la plupart des grands mouvements qui l’ont animée. Si son adhésion à l’esthétique fasciste l’a écarté de certains critiques, on s’accorde aujourd’hui à le reconnaître parmi les grands artistes de cette période. La force d’évocation de ses sombres paysages, sa synthétisation formelle et la puissance de sa matière lui ont permis d’éviter les pièges de l’académisme et du réalisme militant propres au style fascisant. Il meurt en 1961 à Milan.


14 paysages urbains

Un autre portrait d’Architecte